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                         LES MAHOMÉÃANS                    191

moins devant la libre-pensée. On comprend que les i m -
menses succès de Mahomet aient naturellement contribué
à affermir la foi complète dans ce culte, dont l'épithète de
musulman signifie vrai croyant.
   Mahomet naquit, vers l'an 571, d'une famille pauvre,
à la Mecque , ville arabe de l'Hedjaz , passablement
rapprochée des côtes de la mer rouge. A l'âge de vingt
ans, il s'engagea dans les caravanes qui négociaient de la
Mecque à Damas. De retour dans sa ville natale, il entra
au service d'une femme riche, nommée Cadischée, laquelle
exerçait le commerce; trois ans après, il l'épousa et vécut
sans bruit avec elle, jusqu'à l'âge de quarante ans. Ce fut
alors qu'il déploya 'ses talents qui le rendirent supérieur à
ses compatriotes. Il avait une éloquence vive et forte, d é -
pouillée d'art et de méthode, telle qu'il la fallait à des
Arabes, et un air d'autorité animé par des yeux per-
çants et une heureuse physionomie. L'amour féminin,
dont un tempérament ardent l'avait rendu tributaire, et
qui lui donna tant de femmes et de concubines, n'affaiblit
ni son courage, ni son application, ni sa santé. C'est ainsi
qu'en parlent ses contemporains, et ce portrait est justifié
par ses actions.
   Comptant sur l'ignorance de ses concitoyens, leur cré-
dulité et leur disposition à l'enthousiasme, il s'érigea en
prophète et il feignit des révélations. En trois ans, il eut
quarante-deux disciples, et au bout de cinq ans, cent
quatorze. Omar, son persécuteur, devint ensuite son d é -
fenseur. Mahomet enseignait aux Arabes, adorateurs des
étoiles, qu'il ne fallait adorer que le Dieu qui les a faites ;
que les livres des iuifs et des chrétiens devaient inspirer
de l'horreur ; qu'on était obligé, sous peine de châtiment
éternel, de prier cinq fois le jour ; de donner l'aumône ; de
ne reconnaître qu'un Dieu , de croire en Mahomet, le der-