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                            IRIS                          365

 fût uue occasion de trouble. Paix donc à la mémoire de
 l'honnête homme qui, s'il s'est trompé de son vivant, n'a
 pas voulu que son erreur fût exploitée après sa mort.
    C'est comme botaniste principalement que je l'ai
 connu, et voici à quelle occasion. Hénon cultivait avec un
 soin tout particulier une collection d'Iris ; il en avait une
vingtaine d'espèces différentes et il mettait tous sessoins
à en augmenter le nombre, 11 savait que je faisais de fré-
quents voyages en Afrique, que je m'occupais un peu de
botanique. Il me chargeait donc de lui rapporter les Iris
que je trouverais dans mes excursions. J'avais déjà en-
richi sa collection de plusieurs espèces et chaque fois, le
plaisir que j'éprouvais à recevoir les remercîments exa-
gérés de cet excellent homme était pour moi un puissant
 stimulant pour continuer mes recherches,
    Cependant mes investigations n'avaient pas été com-
plètes : une espèce originaire d'Afrique lui manquait :
c'était Ylrisftliformis. Plusieurs fois jetais alléenAlgérie
et jamais je n'avais, pu être assez heureux pour décou-
vrir la précieuse Iridée; mais en savant sûr de son
fait, Hénon me disait toujours : « Ne vous lassez pas ; je
suis certain qu'un jour vous en découvrirez l'habitat
et, chaque fois que je partais, je pensais toujours à l'Iris
filiformis dont je connaissais la forme, la fleur et l'as-
pect sans l'avoir jamais vu, tellement j'avais vu de des-
sins, de descriptions et reçu d'instructions d'Hénon.
    Enfin, dans un de mes voyages, j'eus la fantaisie de
Visiter la Kabylie, pays très-peu connu des colons
algériens que le soleil africain rend si paresseux qu'au-
cun d'eux n'a l'idée d'aller passer les grosses chaleurs
d'été dans une Suisse pleine de verdure, de ruisseaux
et de fraîcheur qu'ils ont sous la main à 40 ou 50 kilo-
mètres d'Alger.