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384 RENÉ DE LUCINGE son cœur, et il lui rend un culte d'amour et de respect ; puis ses yeux s'élèvent vers la voûte azurée, où mille as- tres errants proclament le gloire du Très-Haut. Il prie avec ardeur le maître de tant de merveilles de fortifier SOB cœur, à 'j placer l'amour delà gloire et le courage en face de l'épreuve. Quelques jours plus tard, les trois vaisseaux étaient en vue de Rhodes, et Occhioli harangua ses soldats avec l'éloquence que donne la certitude de la victoire. Tous les habitants de cette île célèbre, boulevard de la chré- tienté il y a si peu de temps encore, étaient plongés dans le sommeil lorsque les trois vaisseaux firent retentir leur formidable artillerie. Réveillés par ce bruit épouvantable, les Ottomans saisirent leurs armes et coururent aux rem- parts; mais il est trop tard, les boulets des forbans ont fait de larges brèches dans les murailles. Leur chef vient venger les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Il monte sur les bastions, renverse tout ce qui s'oppose à son pas- sage ; les Turcs se défendent avec une intrépidité furieuse ; le Gouverneur fait avancer un corps de janissaires, et leur promet les plus grandes récompenses s'ils peuvent tuer le chef des forbans, qui devient bientôt l'objet de tous leurs coups; pressé, entouré, perdant son sang par plusieurs blessures, Occhioli reste inflexible à la sollicitation des siens, qui l'engagent à se retirer; il veut triompher ou mourir sur le champ de bataille. Animés par son exemple. ses soldats tombent sans reculer ; mais bientôt ils repren- nent l'offensive, fondent sur les Turcs avec une nouvelle ardeur et taillent en pièces tous ceux qui tentent de leur résister. Le pacha lui-même est entraîné dans la déroute,et la victoire vient enfin couronner tant d'héroïsme. Occhioli pénètre dans l'intérieur de l'île, s'empare de précieux tré- sorset-dicte les conditionsde la paix. Porté à bord en triom-