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418 RA.ppoaT Flandres, en Alsace, à Lyon, à "Vienne, à Avignon, à Arles, à Nîmes et dans tout le Midi. Je me souviens encore de l'avoir rencontré un jour, à Besançon, dessinant une vieille maison dans unerue obscure de cette curieuse cité espagnole. A son retour, sa malle était aussi pleine d'objets d'art. Sa première acquisition, au sortir du collège Henri IV, fut une médaille de la colonie de Nîmes et une clef en fer du moyen âge, et le premier tableau de sa galerie fut une admirable tête de vieillard, de T)enmr, trouvée dans une obscure petite bouti- que de Rouen, en 1840. M. Chevrier père, quoiqu'il voulût voir son fils aîné con- tinuer après lui le juste renom de son commerce, n'était cependant pas exclusif; c'était la bonté même unie à une grande intelligence. — J'étais son voisin, — son souvenir m'est toujours resté cher. — Aussi, loin demaudire les goûts artistiques de son fils, il les encouragea même parfois, et en 1841, il eut la gracieuse attention, un jour, de lui remettre un passe-port visé pour. l'Italie... C'était ouvrir au jeune Jules Chevrier les portes du paradis terrestre. Vous compren- drez facilement, Messieurs, la joie avec laquelle celui-ci se dirigea vers ces heureuses contrées de l'art et du beau. Il les parcourut toutes, — vit tout, et ce voyage fut du plus heureux effet sur cette organisation éminemment artistique. Ses albums et ses carnets s'enrichirent journellement, et il n'oublia pas non plus de remplir des caisses d'acquisitions de tous genres. À son retour , il passa dans son atelier ou dans ses collections toutes les heures que les affaires ne lui volaient pas. Mais les affaires étaient pour lui un lourd ser- vage, une chaîne que sa nature éminemment artiste ne pouvait pas toujours traîner. Il s'en affranchit alors. Son talent naturel pouvait lui suffire pour produire de charmantes œuvres. — Mais il lut difficile pour lui-même. — Il rechercha les leçons d'un grand maître, et en 1853, il