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210 MON AMI GABRIEL ami faisait pour cacher son agitation, qu'une lutte péni- ble se livrait dans son esprit. Tantôt il voulait partir pour la campagne, tantôt il prétextait des affaires i m - portantes et passait tout le jour hors de chez lui. Chaque fois que le docteur venait voir le petit Paul, Gabriel l'accueillait avec cette question : — E t votre ma- lade de l'hôtel du Parc? comment va-t-elle ? — Elle s'en va ! répondait Albert. — Mais enfin, vous attendez-vous donc à une pro- chaine catastrophe ? — Cela peut arriver d'un jour à l'autre. Un soir, j'assistai à la visite du docteur et les mêmes questions avaient provoqué les mêmes réponses. Albert lui-même semblait abattu et découragé. Etait-ce l'effet de la fatigue, ou l'état de quelqu'un de ses malades lui donnait-il deplus^sérieuses préoccupations? Quoi qu'il en fût, Gabriel crut lire dans son regard ce que sa bouche n'avait pas dit. Après avoir fait quelques tours dans la chambre, il s'arrêta devant sa femme et murmura d'une voix sourde : — Je sors. . . il faut que je sorte... des affaires m'ap- pellent. Louise leva les yeux sur lui avec un air J'étonnement et d'inquiétude. Depuis quelquesjours, elle ne voyait pas non plus sans tristesse et sans appréhension la secrète agitation de scn mari. — Tu iras demain, mon ami! lui dit-elle d'un ton suppliant. Que peut-il y avoir de si urgent ? . . . Notre petit Paul est trop mal ce soir; je t'en prie, ne me laisse pas seule ! — Albert, reprit-il, comment trouvez-vous mon fils ? — Comme ce matin. Le soir, la fièvre est ordinaire- ment plus forte.