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    Nous passâmes une nuit assez peu commode dans ce
 caravansérail dont la cour était encombrée de bêtes de
 toute espèce et,l'on peut dire,d'hommes de toutes nations,
 depuis les chameaux jusqu'aux porcs et depuis l'homme
 blanc du nord jusqu'à la peau d'ébène du nègre de
 Tombouctou. Je dois convenir qu'au milieu de ce tumulte
 et de ce désordre, ma poésie souffrit un peu et que les
 cordes de ma lyre furent bien un peu entamées par la
 vermine, se multipliant librement dans cet azile ouvert
 à tous.
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     Aussitôt le soleil levé, nous nous dirigeâmes sur Tyzi»
  ou-Zou où, en déjeunant, nous fîmes connaissance de
  deux sous-officiers de Turcos^qulncms offrirent obligeam-
  ment de nous accompagner jusqu'à Souk-el-Arba.
     Deux heures après avoir quitté Tyzi-ou-Zou, nous
  abordions ce massif de la Kabylie resté bien longtemps
  inabordable à nos troupes et dont les habitants indé-
  pendants n'avaient que très-tardivement reconnu notre
  domination. Ce fut le général Randon qui, en mai 1857,
  dans une expédition vigoureusement conduite, s'empara
  définitivement du pays et y fit construire le fort Napoléon
. qui, des hauteurs de Souk-el-Arba, domine tout le pays
  et le tient en respect.
     Des remparts, on peut compter plus de quarante vil-
  lages kabyles, chacun couronnant un sommet de mon-
  tagnes, qui toutes régulières déforme et presque d'im-
  portance , ressemblent assez à un immense amas de
  gigantesques taupinières. Rien de bizarre et de pittores-
   que comme de voir toutes ces sommités couvertes de
   petites maisons, construites toutes sur le même modèle,
   serrées les unes contre les autres avec leurs toits de
   tuiles rouges et entourées d'espèces de cages rondes en
   roseaux suspendues au dessus des ravins, dans lesquel-
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