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IRIS 369 Nous passâmes une nuit assez peu commode dans ce caravansérail dont la cour était encombrée de bêtes de toute espèce et,l'on peut dire,d'hommes de toutes nations, depuis les chameaux jusqu'aux porcs et depuis l'homme blanc du nord jusqu'à la peau d'ébène du nègre de Tombouctou. Je dois convenir qu'au milieu de ce tumulte et de ce désordre, ma poésie souffrit un peu et que les cordes de ma lyre furent bien un peu entamées par la vermine, se multipliant librement dans cet azile ouvert à tous. i Aussitôt le soleil levé, nous nous dirigeâmes sur Tyzi» ou-Zou où, en déjeunant, nous fîmes connaissance de deux sous-officiers de Turcos^qulncms offrirent obligeam- ment de nous accompagner jusqu'à Souk-el-Arba. Deux heures après avoir quitté Tyzi-ou-Zou, nous abordions ce massif de la Kabylie resté bien longtemps inabordable à nos troupes et dont les habitants indé- pendants n'avaient que très-tardivement reconnu notre domination. Ce fut le général Randon qui, en mai 1857, dans une expédition vigoureusement conduite, s'empara définitivement du pays et y fit construire le fort Napoléon . qui, des hauteurs de Souk-el-Arba, domine tout le pays et le tient en respect. Des remparts, on peut compter plus de quarante vil- lages kabyles, chacun couronnant un sommet de mon- tagnes, qui toutes régulières déforme et presque d'im- portance , ressemblent assez à un immense amas de gigantesques taupinières. Rien de bizarre et de pittores- que comme de voir toutes ces sommités couvertes de petites maisons, construites toutes sur le même modèle, serrées les unes contre les autres avec leurs toits de tuiles rouges et entourées d'espèces de cages rondes en roseaux suspendues au dessus des ravins, dans lesquel- u