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462 RENÉ DE LUCINGE — Le vaisseau qui doit vous conduire à Malte attend vos ordres, dit-il ; vous emporterez cette cassette, renfer- mant tous les papiers de vos preuves, la somme demandée par l'ordre pour la réception du chevalier et le portrait de la duchesse Marg-uerite avec le mien ; si vous avez jamais besoin de moi, comptez sur ma royale parole de remplacer pour vous le père irrité qui vous refuse sa tendresse. Demain, si cela vous est agréable, vous verrez la duchesse avant l'heure où le Te Deum nous réunira dans la cathé- drale. Occhioli pâlit encore, puis ses joues devinrent pourpres, il murmura dans son cœur : « Encore la voir un instant sur la terre pour l'aimer toute l'éternité, •» V UN CŒUR BKISÉ Marguerite, entourée de ses femmes, était à sa toilette : distraite et préoccupée, elle prenait et rejetait tour à tour les ornements qu'on lui offrait. La foule des gentilshommes, les officiers supérieurs attendaient le duc et la duchesse dans les salles du château pour les suivre à la cathédrale, lorsqu'un page vint avertir Marguerite que son époux l'attendait. Elle se lève, et pâle, troublée, elle entre dans le cabinet du duc de Savoie. — Madame, lui dit celui-ci, l'illustre Occhioli, auquel je dois la vie et qui venge l'ordre de Malte de la perfidie des Ottomans, a l'âme assez noble pour apprécier vos vertus. Il réclame l'honneur insigne de vous baiser la main et de vous entretenir un instant ; il a cessé d'être chef des pirates ; une autre gloire, plus digne de lui, lui est réservée.