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tai ainsi à une vingtaine de saignées. D'autres distri-
buaient des drogues qui, je crois, étaient toujours les
mêmes pour tous les maux.
   Comme spectateur ayant l'air de m'intéresser à
toute cette médication, je fus pris par les Arabes pour un
Thabi, d'autant qu'ils m'avaient vu ramassant des her-
bes, et, ne pouvant par prudence me soustraire à l'in-
sistance des malades auxquels j'inspirais probablement
une grande confiance, je me décidai donc à faire acte
dé ma nouvelle profession. Je commençai par un Arabe,
qui, en me montrant sa poitrine me fit signe qu'il éprou-
vait de grandes souffrances. Je tirai de mon portefeuille
un crayon de pierre infernale et, après l'avoir légèrement
frotté dejsalive, je lui traçaiavec mon nitrate d'argent une
croix qui, à sa grande surprise, devint noire; cinq minutes
après, il se trouva énormément soulagé, tant il est vrai
qu'il n'y a rien de tel que la foi !
   Mon remède fit fureur, je l'administrai à une grande
quantité de malades, ayant eu soin de leur expliquer par
l'entremise d'un turco que ceux seulement sur qui la
croix marquait, seraient guéris; que quant à ceux dont la
peau ne changeait pas de couleur, leur guérison était
moins certaine. Effectivement, ceux sur lesquels je posais
mon crayon de nitrate sans les avoir préalablement
 frottés de salive, ne marquaient pas, ou très peu ; il fal-
lait bien un peu varier, pour donner crédit à mon
 remède !
   Quelques-uns se présentèrent à moi avec des plaies,
 ce qui était plus embarrassant. Je ne me chargeai
que de ceux qui n'avaient que quelques écorchures;
je couvrais la plaie avec des rognures de timbre poste et
la garantissant ainsi du contact de l'air, j'avais quelque
chance de guérir le blessé; à d'autres,je frictionnais