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mis 367 tai ainsi à une vingtaine de saignées. D'autres distri- buaient des drogues qui, je crois, étaient toujours les mêmes pour tous les maux. Comme spectateur ayant l'air de m'intéresser à toute cette médication, je fus pris par les Arabes pour un Thabi, d'autant qu'ils m'avaient vu ramassant des her- bes, et, ne pouvant par prudence me soustraire à l'in- sistance des malades auxquels j'inspirais probablement une grande confiance, je me décidai donc à faire acte dé ma nouvelle profession. Je commençai par un Arabe, qui, en me montrant sa poitrine me fit signe qu'il éprou- vait de grandes souffrances. Je tirai de mon portefeuille un crayon de pierre infernale et, après l'avoir légèrement frotté dejsalive, je lui traçaiavec mon nitrate d'argent une croix qui, à sa grande surprise, devint noire; cinq minutes après, il se trouva énormément soulagé, tant il est vrai qu'il n'y a rien de tel que la foi ! Mon remède fit fureur, je l'administrai à une grande quantité de malades, ayant eu soin de leur expliquer par l'entremise d'un turco que ceux seulement sur qui la croix marquait, seraient guéris; que quant à ceux dont la peau ne changeait pas de couleur, leur guérison était moins certaine. Effectivement, ceux sur lesquels je posais mon crayon de nitrate sans les avoir préalablement frottés de salive, ne marquaient pas, ou très peu ; il fal- lait bien un peu varier, pour donner crédit à mon remède ! Quelques-uns se présentèrent à moi avec des plaies, ce qui était plus embarrassant. Je ne me chargeai que de ceux qui n'avaient que quelques écorchures; je couvrais la plaie avec des rognures de timbre poste et la garantissant ainsi du contact de l'air, j'avais quelque chance de guérir le blessé; à d'autres,je frictionnais