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 368                           mis
  simplement la partie malade avec la paume de la main
  enfin, les cas se multipliaient et si j'eusse continué, l'on
  m'eût amené, comme au Christ, les aveugles denaissance
  et les possédés. Heureusement, mon compagnon vint me
  tirer d'affaire en m'emmenant auprès d'un chef, et me
  soustraire à ma nouvelle clientelle dont l'importance fi-
  nissait par devenir inquiétante.
     Je rencontrai unefilede femmes kabyles, allant et reve-
 nant de la fontaine avec des urnes égyptiennes sur leurs
 épaules, montrant leur beau corps couleur de bronze flo-
 rentin couvert à peine par une espèce de manteau assez
 semblable aux chasubles de nos prêtres ouvertes sur le cô-
 té etrappelant tout à fait ces bas reliefs qui figurent sur les
 frises des monuments égyptiens. Plus loin, un vieux père,
 s'appuyant sur un bâton crosse, donnait la main à son
fils, bel adolescent de 15 ans, entièrement nu et condui-
sant lui-même un chameau chargé. Je croyais voir
Abraham conduisant le jeune Jacob, et ne pouvaism'em-
pêcher d'admirer ces belles lignes que forment ces am-
ples vêtements orientaux si différents de nos vêtements,
aussi étriqués que ridicules, aussi incommodes que ridi-
cules dans leur coupe et leur couleur.
    Je disais souvent à mon compagnon : Là, où vous ne
voyez qu'une foule de Bédouins pouilleux, je lis un
verset de la Bible dont chaque jour je tourne une page ;
c'est, du reste, au milieu de cette vie arabe que notre il-
lustre Vernet a retrouvé les allures et les coutumes que
devaient avoir le Christ et ses apôtres.
    C'est à Dra-el-Mizan que nous avions quitté la dili-
gence de Delys, nous achetâmes un cheval et un mulet
pour achever notre voyage et, le soir, nous nous retirâ-
mes avec quelques marchands retardataires dans le cara-
vansérail pour y attendre le lendemain.