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218                   J1UN AMI GABRIEL

   — Je ne s a i s . . . reprit-il.
   — Il faut que tu partes, mon ami. . . Ma mère parle
ainsi, vois-tu, parce qu'il y a des choses que les femmes
ne comprennent pas... . Elle n'écoute que sa tendresse.. .
Si tu cèdes à de semblables sollicitations, tu peux te faire
un grand tort dans ta carrière'. . . Il faut que tu partes !
   — Si tu le v e u x . . . dit le jeune homme d'une voix à
peine sensible.
   — Il faut faire ton devoir, a m i . . . balbutia-t-elle
toute pâle. Il faut faire notre devoir, F r a n c i s . . .
   — Eh bien ! je pai'tirai, reprit-il en baissant la tête.
Je partirai par le train de ce soir.
   Louise ne disait plus rien ; mais des larmes brûlantes
coulaient sur ses joues. Francis lui prit les mains toutes
baignées de pleurs et toutes tremblantes.
   — Adieu ! dit-il, adieu ! Je vais faire mon devoir.. .
   — Je ferai aussi le mien ! murmura-t-elle en retom-
bant sur le canapé.

                            XV

   Francis était parti. Pendant que sa tante l'avait a c -
compagné à la gare, Mme Reynaud était restée seule près
d'une fenêtre ouverte sur le jardin. Il faisait une de ces
soirées d'été chaudes et pesantes qui sont empreintes
d'une certaine grandeur solennelle. Le petit Paul jouait
sur les genoux de sa mère et adoucissait par ses c a -
resses ce que l'énergique résolution de Louise pouvait
avoir de douloureux.
   Bientôt le son d'un orgue   se fit entendre au fond du
jardin dans la direction du    pavillon. De larges accords
se déployaient avec la noble   simplicité d'un concert reli-
gieux ; le rhythme grave et    mesuré semblait convenir Ã