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MON AMI GABRIEL 211 — Si vous croyez que l'état soit grave, je ne sortirai pas ?. . . — Non, je n'ai pas dit cela. . . — Alors, au revoir, Louise. Qu'on ne m'attende p a s . . Je ne rentrerai peut-être que fort tard. M me Reynaud ne répondit p a s ; elle accompagna son mari jusqu'à la porte et revint s'asseoir auprès du ber- ceau de son enfant. — Quelle manière bizarre, me dit le docteur en sor- tant, de m'adresser de semblables questions en présence de sa femme ! Je ne vous cache pas que je suis fort in- quiet . . . Gabriel tairait dû le comprendre. La fièvre est très-intense et je me tiendrai prêt à revenir dans quel- ques heures. Mais je ne pouvais pas jeter la mort dans l'à me de cette pauvre femme.. . Les craintes d'Albert ne tardèrent pas à se réaliser. Seule dans la grande chambre pleine d'ombre, Louise n'entendait que la respiration faible et haletante de son enfant; elle épiait avec angoisse les moindres symptô- mes du mal ; de temps en temps, le petit malade poussait des cris suffoqués qui déchiraient le cœur de la pauvre mère. Bientôt la fièvre la prit à son tour. Elle fit rappeler le docteur et prévenir sa mère et son cousin. Francis accourut le premier : — Qu'y a-t-il donc ? ton domestique m'a fait peur, s'écria-t-il en entrant. Louise lui fit signe de parler bas et lui serra forte- ment la main : — Vois-tu. . . dit-elle en soulevant le petit rideau, le pauvre petit ! vois comme il souffre ! Le docteur n'eut pas besoin des explications de Louise pour constater une aggravation plus prompte encore qu'il n'avait pu le supposer. La jeune femme l'interrogea d'un regard anxieux.