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                      MON AMI GABRIEL                   203

   — Je te prie de ne pas donner ce vilain noiil à mon
petit Paul.
   — Pardon! Je ne m'habitue pas à l'idée que tu es
mère de famille. Ah! si j'avais été capitaine!... Enfin, je
ne puis pas eii vouloir à M. Reynaud, si tu es heureuse
 avec lui. Mais tu ne sauras jamais ce que j'ai éprouvé
 lorsque j'ai reçu la nouvelle de ton mariage... Vois-tu?
 Les sentiments n'ont pas trop le temps de s'émousser
dans l'infanterie de marine. Pendant les longues expé-
ditions, te l'avouerai-je? souvent la mélancolie me mon-
tait au cœur et le souvenir de ceux que j'avais laissés en
France m'ôtait toute énergie..
   — Cher Francis ! dit Louise tout émue, en lui ten-
 dant la main.
   A ce moment, Gabriel entra sans frapper. — Mon
cousin Francis, dit la jeune femme. Mon mari.
   Gabriel accueillit son cousin à bras ouverts et l'invita
aussitôt à dîner, Francis s'excusa de ne pouvoir accepter
sous le prétexté de visites à faire. Ils parlèrent de
voyages et de choses diverses, puis Gabriel sortit.
   — Eh bien ! demanda Louise, comment trouves-tu
mon mari?
   — C'est une nature sympathique. Je crois que nous
serions' vite à l'intimité, s'il n'était pas ton mari. Veux-
tu que je te le dise? Pendant qu'il était là, il me semblait
que tu étais à cent lieues. N'as-tu pas remarqué que nous
avons louvoyé sans cesse pour éviter le tu.,, Cela m'est
pénible !
   Après le départ de Francis, la jeune femme resta
quelque temps pensive, avec son enfant sur ses ; genoux.
Peu à peu, petit Paul se mit à agiter ses petits bras;
Louise, dont la pensée partie de la chambrette bleue de
Bénors, était revenue d'un long voyage dans les régions