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202 MON AMI. GABRIEL Bénors; et je te tutoie comme alors, parce que je te re- trouve la même... mais, je me trompe, tu es encore plus belle. Et ton bébé, me le feras-tu voir? — Oui, si tu dînes avec nous. Je te présenterai auss mon mari. — Ah! voilà qui est grave! Comment pourrai-je te tutoyer devant lui? Tu ne serais plus, sous ses yeux, mon ancienne petite cousine. Ce monsieur, que je ne connais pas, me regarderait de travers et franchement je le trouverais cruel de m'avoir pris ma Louisette .... Hélas ! ce qui est fait est bien fait. Tu avais une belle dot à offrir, et moi, je n'avais en perspective que les épaulettes de sous-lieutenant, sans compter beaucoup d'illusions... C'est égal. La mer, les voyages, ce n'est pas une vie banale, ma chère amie! Combien de fois j'ai pensé à toi là -bas!... Il y a de bons et de mauvais jours : les uns font oublier les autres. Je te raconterai tout cela devant ton mari; cela rompra la glace. Et toi, es-tu heureuse? A présent, vois-tu, je ne. puis plus {'appeler que Mrae Reynaud. — Je vais te montrer mon petit Paul, dit Louise en se levant. — Tu as bien le temps, puisque je suis ici pour deux mois. Je viendrai te voir tous les jours, si tu mêle permets. — Avec plaisir. — Elle revint aussitôt en apportant son enfant. — Le pauvre petit n'est pas bien depuis hier; il est un peu pâle... Comment le trouves tu? — Il ressemble à son père. — Tu ne le connais pas ! — Ton mari est-il bel homme? — Tu le verras. — Quel singulier effet tu me produis .avec ton moutard sur les bras. /