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140                   MON AMI GABRIEL

et le plus original qu'on pût voir. Nelly salua la maî-
tresse du logis et s'assit auprès d'elle ; puis elle jeta un
coup d'Å“il circulaire autour du salon et ses regards
rencontrèrent ceux de Gabriel Reynaud, qui ne l'avait
pas revue depuis la promenade au clair de lune : elle
abaissa les paupières instinctivement, et le substitut
détourna la tête avec embarras.
   Quelques personnes avaient remarqué cette panto-
mime; car, en relevant les yeux, Nelly vit plusieurs
femmes qui chuchotaient en souriant et l'examinaient
d'un air bien informé.
   Gabriel, de son côté, avait tout compris ; il resta son-
geur pendant le repas qui fut très-long. Heureusement,
la gaîté ne fit point défaut autour de lui. M. Delprat, qui
avait à l'endroit de sa cave un amour-propre bien légi-
time , faisait circuler sans trêve ni merci tous les vins
fins qu'elle contenait, rouges et blancs, liquoreux et
mousseux. La conversation s'était vite animée et les rires
les plus vibrants répondaient aux bons mots qui s'entre-
croisaient; ce fut un feu roulant jusqu'à l'heure où les
convives rentrèrent au salon.
   Le café pris, une jeune femme se mit au pia^o et, après
un brillant prélude, joua d'une main exercée le premier
quadrille. Nelly s'excusa comme convalescente de ne
pouvoir danser. Au quadrille succéda une valse et une
polka... Tout le monde était entraîné : l'oncle Philibert
lui-même, cédant à un mouvement irrésistible, venait de
demander une contredanse à une dame d'un âge déjà
mûr qu'il avait connue demoiselle, et M. Delprat rivali-
sant d'amabilité avec son épouse se glissait entre les
groupes pour offrir des consommations.
  Tout-à-coup un domestique vint dire quelques mots Ã