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 82                          POÉSIE
 Nous trouvâmes bientôt les boutis et les laisses,
 D'un énorme quartan, revenu de sa nuit,
Dès lors on brisa bas, car ces simples finesses
 Guident vers l'animal que le chasseur poursuit.
Nos limiers ont le vent, ils volent sur la trace;
Les piqueurs baudissaient du cor et de la voix ;
Le jappement des chiens, les divers cris de chasse
Nous étaient répétés par les échos du bois.
La meute conservait une belle menée ;
Elle rabattit ferme, et tint droit constamment ;
Aussi l'on espéra, dès cette matinée,
De sonner l'hallali, signal du dénoûment.
Nos chevaux imitaient les légères gazelles ;
Ils quittèrent le bois, sans cesser de courir ;
Sous le fer des sabots, de vives étincelles
S'échappaient pour briller, au moment de mourir.
De leurs naseaux fumants sort une chaude haleine ;
La sueur qui les couvre atteste leurs efforts ;
D'une abondante écume ils arrosent la terre,
Et se font admirer par de vaillants transports.

 Nous avions parcouru plusieurs champs de fougères,
 Afin de rapprocher et de prendre le vent ;
 Mais ce fort sanglier allait de hautes erres ;
On dut baudir encore, et chercher le devant :
Holo ! lo ! lo ! couais ! les trompes retentirent ;
La meute s'élança par des bonds effrénés;
Allez, hop! allez, hop! nos étalons hennirent;
Chasseurs, chevaux et chiens, tous furent entraînés.
L'animal, se lassant de nos vives poursuites,
Fit plusieur hourvaris, revint sur son parcours ;
Puis, pour donner le change, il dressa par les fuites,
Et longea notre chasse, après ses vains détours.
Cette course suivit la chaîne des montagnes ;
La trace étant directe, il ne pouvait ruser:
Ce site découvert, éloigné des campagnes,