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                           POÉSIE                       83

Le priva des moyens dont il venait d'user.
Nous conservions toujours l'allure impétueuse ;
Notre troupe passait, semblable à l'ouragan ;
Arrivés sur un point, la route montueuse
Fut gravie au galop et par le même élan.
Alors de nouveaux sons vibrent, pleins d'allégresse ;
Taïau ! Taïatl ! Taïaul le sanglier paraît ;
Il fuit, mais sa fatigue, indiquant la détresse,
Va l'offrir en victime au valeureux Vautrait.
Ses bonds désespérés trahissent son courage ;
Il faiblit et devient haletant, éperdu,
Sur le sol montagneux de l'aride parage
Où devra s'expier l'erreur qui l'a perdu.
11 entend accourir la tourbe impitoyable
Qui soutient ses efforts, prête à se rapprocher;
Il s'arrête, et nous montre une hure effroyable ;
Passe un petit torrent, et s'accule au rocher.

Son boutoir est garni de défenses cruelles ;
Sa féroce nature offre un combat sanglant;
Il grogne avec fureur, et ses noires prunelles
Expriment le courroux d'un supplice violent.
Nous étions parvenus à son fatal asile ;
La tête se tenait par de forts chiens armés;
Lorsque sonna l'attaque, on vit la meute agile
S'émouvoir et bondir vers ces lieux escarpés.

Captif sous nos regards, dans sa mortelle enceinte,
Le puissant animal compte ses agresseurs ;
Mais il n'obtiendra pas son salut par la feinte
Qui trompe bien souvent les plus adroits chasseurs.
Au moment d'accomplir une brusque décharge
De nos trente fusils, messagers de la mort,
Les chiens environnaient, sur un tertre peu large,
Le farouche ennemi, retenu dans son fort.
Acharnés à leur proie, audacieux, terribles,