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 30       POÉSIES DE MATTHIEU ET DE JEHAN DE "VAUZELLES

                        A D. LOU1ZE LABÉ
      Des Muses ou première ou dixième couronnante la troupe.

       Nature ayant en ses idées pris
       Un tel suget, qu'il surpassoit son mieus (i),
       De grâce ell' ut pour l'illustrer des Dieus,
       Otroy entier du plus supemel pris:
       Dont elle put l'univers rendre espris,
       Ouvrant l'amas des influs bienheureus,
       Duquel le rare épuré par les cieus
       Atire encor le bien né des esprits.
       Dieus qui soufrez flamboyer tel soleil
       A. vous égal, à vous le plus pareil,
       Témoin le front de sa beauté première,
       Permettrez vous chose si excellente
       Patir l'horreur d'Atrope (2) palissante,
       Ne la laissant immortelle lumière?
                                              T)'immortel zek.


  (1) L'auteur raisonne dans le système métaphysique de Platon,
suivant lequel les objets qui lombent sous les sens ne sont que les
copies d'idées ou de modèles existant dans l'intelligence divine.
Pétrarque (sonnet 126'', partie i " ) , avait dit:
        In quai parte del cielo, in quai idea
        Era 1' esempio onde Natura toise
        Quel bel viso leggiadro, in ch' ella volse
        Monstrar quaggiù, quanto lassù potea?...
  « Dans quelle partie du ciel, dans quelle idée était le modèle
« qu'imita la nature, lorsqu'elle forma tant de charmes pour montrer
« ici-bas aux mortels quelle est là-haut sa puissance? »
  (2) Atropos, l'une des trois Parques, celle qui coupe le fil de la vie.