Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
6                          POÉSIE
Nous fûmes conviés aux chasses de l'automne
Par ce hrave Nemrod ; et, sans aucuns regrets,
Nous quittâmes Paris, souvent très-monotone,
Pour déclarer la guerre aux hôtes des forêts.
Un rendez-vous lointain promettait tant de charmes,
Que nul ne refusa cette invitation ;
Et le jour du départ nous trouva sous les armes,
Prêts à vaincre aux côtés de notre amphitryon.
Cet ami valeureux, modeste et sympathique
Nous fit les vrais honneurs d'un toit hospitalier ;
Nous causâmes de chiens, de chevaux, de tactique,
Avec le vif espoir de courre un sanglier.
Le vieux maître d'hôtel, vêtu de l'ordonnance,
Annonce qu'à l'instant on venait de servir ;
C'était faire cesser notre longue abstinence ;
Et promettre un festin digne de nous ravir.

La salle a son parquet de moelleuses fourrures ;
Le chêne qui la boise est noirci par le temps ;
Les ovales panneaux, entourés de sculptures,
Encadrent les portraits de ses fiers ascendants.
Dès le soir, étincelle un magnifique lustre ;
Ses feux, par des rayons d'une intense clarté,
Forment une auréole à la famille illustre
Qui soutint six cents ans la féodalité.
Le dîner nous charma, car le moins gai convive
Voulut donner sa part de science et d'esprit ;
Les propos se croisaient, la parole était vive,
Et le froid décorum fut constamment proscrit.
La fête nous parut belle et bien ordonnée :
Des valets attentifs, un maître gracieux,
Des coupes de vermeil, vaisselle blasonnée,
Les vins des meilleurs crÛ3, des mets délicieux.

Nous restâmes longtemps autour de cette table ;
Un immense foyer défiait l'aquilon,