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POÉSIE Augmentant le plaisir d'un repas délectable. Puis la société se rendit au salon. Cette pièce octogone, ouvrant sur un portique, A huit pilastres ronds, huit candélabres d'or ; Des tapis du Thibet couvrent sa mosaïque, Et doublent la splendeur d'un merveilleux décor. Portières en velours, longs rideaux de Marine, Piano, fauteuils, divans, d'un acajou massif, Tenture de damas, porcelaines de Chine ; Un luxe oriental, surprenant, excessif. On commença des jeux ; l'or dictait sa puissance ; Quand le chef des piqueurs pria d'être introduit, Et vint nous prévenir qu'il avait connaissance D'un solitaire errant auprès de son réduit. « Nous avons fait, dit-il, une longue battue Pour forcer l'animal qui s'était rembuché ; Notre meute a pris vent, elle s'est rabattue Sur le sentier que borne un large débouché. Nous longions, au galop, la noire sapinière ; Tout à coup les limiers, traversant un fouillis, Tombent à bout de voie, au fond de la clairière, Et cherchent, incertains, dans un épais taillis. Le sanglier, tournant, leur fit prendre le change ; Ils étaient en défaut, il fallut forhuir ; Mais sa bauge est placée en aval de la grange, Et demain, je l'espère, on le fera refuir. » La nouvelle excita notre ardeur chasseresse ; Nous composâmes vite un décisif conseil ; Chacun donnant l'avis de dompter sa paresse, Et de battre le bois, au lever du soleil. Si l'homme va traquer des animaux féroces, Il doit se sentir fort, courageux et dispos ; Car ce goût nous entraîne à des luttes atroces, Qu'on ne peut soutenir sans avoir du repos.