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                  HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LYON.                    435

    Pourtant, il faut le remarquer à sa louange, dans son coup
d'essai, l'antithèse, la recherche, le jeu de mots sont déjà
l'exception ; cet ouvrage nous en fournit une preuve entre
plusieurs autres. Le genre de vie des anachorètes avait ins-
piré a l'auteur cette réflexion : « Ils s'élèvent aux sommets
de la perfection en cheminant par d'humbles sentiers (1), »
11 est curieux de voir ce que font de cette pensée si simple
et si élégamment exprimée saint Sidoine et saint Césaire.
    « Trois fois heureux, s'écrie celui-ci, l'île de Lérins, qui,
malgré sa petite et entièrement plane superficie, est connue
pour élever des montagnes vers le ciel (2) ».
    « Il apprenait à ses frères, renchérit Sidoine, comme cette
île plane a fait surgir de grandes montagnes jusqu'au ciel (3).»
   On devine aisément ce que sont ces montagnes ; Sidoine
et Césaire pouvaient le dire naturellement, à l'exemple de
l'évêque de Lugdunum. Non, ils ont mieux aimé parler le
langage du temps.
   Mais nous voici en présence d'un chef-d'œuvre.
   On traduit généralement le traité : De contemptu mundi
et sœcularis philosophiœ par : Du mépris du monde et de la
philosophie du siècle. Il vaudrait mieux peut-êlre interpréler
par : Du peu de fondement qu'il faut (aire sur la vie, telle
que l'enseigne la philosophie profane. Dans ce charmant
opuscule, saint Eucher ne prescrit pas d'une manière absolue
de l'énoncer au monde ni de quitter son rang, sa dignité,
son poste dans le siècle. Il se contente de tracer la ligne de
conduite que tout chrétien doit suivre pour assurer son salut,

   (1) lllî qui summa imis pelunt. »
   (2) Beata, inquam , et felix insuta Lyrinensis, quœ, eum parvula et
plana esse videatur, innumerabiles tamen montes ad cœlum misisse cog-
notcitiir I (S. César., Homilia xxv.
   (3) Fratribut insinuant quanlos Ma insula plana miserit in cœlum
montes... {&. Sidon. Carm. xi, p . 109-110).