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HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LYON. 335 celle de la' confession (1); dans les miens, l'émulation des tourments , dans les tiens, seulement une heureuse occasion de gloire (2) ; tu as bien pu voir des enfants a la mamelle périr dans le sang, non des héros y combattre (3) ; toi, l'in- nocence des mourants te couronne , moi, la gloire des triomphants (4),. etc. » Nous dirons peu de chose du discours pour les saints Epipode et Alexandre. Plus faible que ie précédent, ce sermon débute par un exorde qui répèle, sous une forme différente, celui que nous venons de faire connaîlre. Le style est tout aussi recherché, tout aussi fertile en phrases ornées de pointes. Là , comme dans presque toute son œuvre, Eusèbe a beaucoup de peine a s'exprimer simplement. S'il parle de l'intrépidité des deux martyrs livrés aux flammes, il ne manque pas de jeter à point nommé à travers le tableau une opposition antithétique qui en altère la beauté sublime. « Ils ont vaincu, dit-il, les atteintes douloureuses du feu; vain- quons, nous, les flèches du feu des vices (5). » Ce n'est pas ainsi que parlent Bossuet et Bourdaloue ; ainsi que ces deux beaux génies auraient traité le martyre de l'an 180, Mais il ne faut pas oublier qu'Eusèbe était un êvèque des nations, un missionnaire obligé de conformer sa parole au goût de l'auditoire assemblé au pied de sa chaire. Devant le monde privilégié des cités populeuses, ce monde depuis longtemps blasé sur la sévère beauté des écrivains de la pé- (i) In luis interfectio fuit; confessio non fuit. (2) In mois, colluctatio passionis; in luis, sola fuit opportunitas et occasio felicitatis. (3) Tu in sanguine parvulorum potuisti videre pereuntes, non potuisti expectare certantes. (4) Te coronavit innocentia moricntium, megloria triumphantûm. (5) Viccrunt illi fomenta flammarum ; nos vincaraus ignea tela vitiorum.