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420 HISTOIRli LITTÉRAIRE DE LYON. la solitude, il quitta Lérins et vint, avec la seule et dévouée Galla, se fixer à Léro (1), autre petite île en vue de la pre- mière, et, en ce temps-là , complètement abandonnée (2). Ce fut dans cette résidence, éloignée de la fréquentation des hommes, qu'il composa ses deux traités : Du renonce- ment au monde et Des louanges du désert. En cette autre Pathmos, sa vie eût été comme murée contre les communi- cations du monde extérieur, sans les rares visites des soli- taires, ses voisins, et les lettres qu'il échangeait, de temps à autre, avec plusieurs des prélats et des personnages distin- gués de l'Eglise. Cependant, son âme éprouvait une soif si grande de ce qu'il appelle, à plusieurs reprises, un para- dis (3), que, se sentant encore trop éloigné de son idéal, sur le rocher perdu au sein des flots dont il avait fait choix, il eut un moment la pensée de se retirer, pour un temps, dans le grand érème de la Thébaïde, où vivait alors un peu- ple merveilleux d'anachorètes (4). Ses amis, ses admirateurs qui tenaient à conserver ce grand esprit à l'Eglise des Gaules, et Cassien entre autres, s'efforcèrent de le faire changer de résolution. A ce sujet5 celui-ci publia ses sept dernières conférences, œuvre des- tinée à l'exposition des règles de conduite observées parles plus illustres des ascètes de l'Egypte. Mis par la lecture do (1) Id.ibid. (2) Ces deux îles forment l'archipel de Lciins_ sur la côte du départe- ment du Var. L'une se nomme Saint-Houorat, l'autre est cette fameuse île Sainte Marguerite, dont la prison d'Elat vit mourir VHomme au masque de fer. (3) Paradisum possideniibus se exhibée. {De laud. eremi). — Cofporis est crtnius animœque paradisus [ld. ibid.) (4) Aller vero ut etiam corporali corumdum œdijicuretur aspeetu, /Egyplum penetrare voluerit. (Cass. Prœf. in colloq. XI, ad Honorât, episc. et Euuher ).