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LE PAGE DU BARON DES ADKETS. 477 teté des religieux attira les pèlerins de toutes les parties du monde. Beaucoup de puissants de la terre arrivaient les mains pleines. Aussi sa prospérité devint-elle inouïe. Un grand nombre de prieurés et d'églises dépendaient de lui, un nombre plus considérable de seigneurs rele- vaient du monastère. Les papes le comblaient de faveurs ; et les rois et les empereurs lui offraient des présents. A l'époque dont nous parlons, 1562, le monastère de l'île Barbe était dans sa plus grande prospérité. Ses richesses étaient immenses ;. aussi la discipline s'était- elle beaucoup relâchée, malgré les efforts d'Antoine d'Albon, seigneur abbé de l'île Barbe et de Savigny, pour rétablir la discipline. Les moines de l'île Barbe avaient été surpris par l'inondation; en quelques instants, l'eau avait enlevé le pont qui faisait communiquer leur couvent avec le rivage. Enveloppés constamment de brouillards épais, ils étaient depuis huit jours isolés du monde , ne sachant ce qui se faisait au dehors et près de manquer de vivres. Les eaux n'avaient point submergé leur île, mais ils étaient dans une inquiétude mortelle. Ils savaient que presque (ont le midi de la France était au pouvoir des huguenots, et de vagues rumeurs leur avaient appris qu'une armée devait venir s'emparer de Lyon. Ils savaient aussi que le duc de Savoie s'avançait à la tête d'une forte armée pour chasser les huguenots, et ils espéraient qu'il arrive- rait assez à temps pour les délivrer de leurs terribles ennemis. Les moines venaient de chanter matines, le réfecturier était venu avertir qu'il n'avait plus que pour un seul jour de vivres. Grand fat l'émoi des religieux. Le prévôt