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                  CINQ-MARS ET DE THOU.                 105

 « qu'avons-nous fait de si agréable à Dieu, durant notre
 « vie, qui l'ait obligé de nous faire cette grâce de mourir
 « ensemble, de mourir comme son fils; d'etîacer tous
 « nos péchés par un peu d'infamie ; de conquérir le Ciel
 « par un peu de honte ? Ah ! n'est-il pas vrai que nous
« n'avons rien fait pour luy ? Fondons nos cœurs, espui-
 « sons nos forces en actions de grâces ; recevons la mort
 « avec toutes les affections de nos âmes. » ~ M, de
Cinq-Mars répondit à tout cecy par divers actes de vertu,
de foy, de contrition, d'amour de Dieu, de résignation
et autres.
    « Ils demandoient, de temps en temps, s'ils estoieni
encore bien loin de l'échafaud. Sur quoy le P. Malava-
lette prit occasion de demander à M. de Cinq-Mars s'il
craignoit point la mort : « — Point du tout, répondit-il,
« et c'est ce qui me donne de l'appréhension de voir que
 « je n'en ay point. Hélas ! je ne crains rien que mes pé-
 « chés. » — Cette crainte l'avoit fortement touché de-
puis sa confession générale. Et comme le P. I'eust assuré
sur la bonté de Dieu et sur la passion du Sauveur, luy
disant de plus qu'acceptant de bon cœur celte mort igno-
minieuse iî pou voit estre certain d'entrer bien avant dans
la gloire.— « Oh! que Dieu est bon,dit-il plusieurs fois,
 « de me vouloir recevoir en sa grâce après l'avoir tant
 « offensé. Mais,mon Père,dit-il,comment puis-je mériter
 « par cette mort, qui n'est point à mon choix ? Car il es-
 « toit au choix des martyrs de ne pas mourir. » —Le Père
luy ayant répondu qu'il la pouvoit rendre méritoire en
acceptant volontairement et offrant à Dieu, par amour,
ce supplice infâme, celuy des martyrs estant honorable,
il offrit à Dieu son supplice tant de fois, par le che-