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                  CINQ-MARS ET DE THOU.                 49

trent le caractère de ce même homme sous des aspects
différents de ceux qu'on lui avait attribués jusque-là. Eh
bien! tel est, il nous semble, le cas de messirejean Martin,
baron de Laubardemont, chevalier, conseiller ordir.aire
du Roi en ses Conseils d'État et privé, qui fui désigné
pour remplir les fonctions de commissaire rapporteur du
procès politique intenté à Cinq-Mars et à deThou. Que
diraient, en effet, certains écrivains, Alfred de Vigny à
leur tête, qui se sont plu à flétrir, plus que de raison, la
mémoire de cet homme d'État, s'ils pouvaient se figurer le
tableau des touchants adieux faits par les condamnés à
leur rapporteur, au moment de marcher au supplice ?
Que penseraient-ils, ces mêmes écrivains, de l'attendris-
sement profond du magistrat, qui n'a que des paroles de
 paix et d'encouragement pour ces deux nobles victimes
qu'il mouille de ses larmes dans une dernière étreinte ?
Certes ils seraient bien obligés de convenir que quelque
 chose d'humain tressaillait dans la poitrine de ce juge
 sanguinaire, de ce tourmenteur exécrable.
    Nous n'avons absolument rien à dire de l'affaire qui
 conduisit Cinq-Mars et de Thou à l'échafaud; mais rien
 ne s'oppose à ce que nous consacrions quelques lignes
 à l'attitude qu'ils gardèrent respectivement, à partir de
 leur condamnation jusqu'à leur mort.
    On les voit tous deux rivaliser de tendresse, de géné-
 rosité et de dévouement. Cinq-Mars ne manifeste pas le
 moindre regret de quitter cette vie; mais il éprouve un
 vif chagrin qu'il ne peut parvenir à dissimuler : il se
 plaint amèrement de l'abandon de ses amis, de ceux-là
 même qu'il a obligés au temps de sa prospérité et qui
 n'ont rien fait pour le sauver. Cependant les exhortations
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