Revue du Lyonnais » série 3 - n°6 ( 1868 ) » pp.419

                                       POÉSIE.                                     419
      Muscats de Viterbe et de Velletri,
      Et vins jaunissants de Montefiascone,
      Auxquels on marie un gâteau pétri
      Par la brune main d'une belle donne,...

      Enfin, versez-moi !... Pardieu, je boirai
      Autant que vous tous !... Tant pis pour ma trogne !..
      Mais en m'endormant, ce soir je dirai :
      Où ckmc est mon vin, mon vin de Bourgogne?..
                                                  DES ESSARTS,
                                                      Capitaine d'artiljerie.




                     ALEXANDRE SELKIRK (1).

   Chevreaux, tondez en paix ces pentes refleuries ;
   Moi, je vais promener mes sombres rêveries,
   De rochers en rochers, jusqu'à ces hauts sommets
   Que la neige couronne et ne quitte jamais.

   Ah ! de cette hauteur, que mon île est petite !
   Mais où donc êtes-vous, cabanes que j'habite ?
   Cabanes et chevreaux ne sont plus même un point :
   Mon œil, objets chéris, ne vous reconnaît point.

  (1) Alexandre Selkirli, matelot anglais, que Daniel de Foê a immortalisé sons le nom
de Rohhisoii Crusoé, naquit en Ecosse, vers la fin du XVIIe siècle. Embarqué comme
contre-maître sur les Cittque-Ports, il eut quelques démêlés avec le capitaine de ce
navire, et fut abandonné par lui dans l'île déserte de Juan Fernandez, a soixante-quinze
myriamètros des cotes du Chili. On ne lui laissa que ses hardes, son hamac, son fusil,
un peu de poudre, quelques balles, du tabae, une hache, un couteau, un chaudron et
une bible. Quand ses munitions furent épuisées, il prit des chèvres à la course pour se
nourrir, en apprivoisa quelques unes, se fit des vêtements de leur peau, construisit
des huttes, et vécut ainsi plus de quatre années. Il fut enfin recueilli par un navire
anglais.