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384           LE PAGE DU BARON DES ADRETS.

posait de crochets auxquels étaient suspendus par une
petite chaîne des fagots imprégnés de matières inflamma-
bles. Une multitude de ces crochets furent lancés aux
murs et on y mit le feu. En quelques instants la maison
des Mascrani de la Bussière fut entourée d'un cercle
de feu. Les défenseurs ne purent tenir contre cet ennemi
nouveau. Ils envoyèrent encore une forte décharge de
mousqueterie en signe d'adieu, et Gabriel de Saint-Victor
fit retirer ses soldats qui purent fuir. — Voyant Lyon
perdu, ces courageux citoyens gagnèrent les monta-
gnes et allèrent s'enfermer avec leur chef dans la ville
de Thizy, que commandait le fameux sire de Rébé. Les
huguenois se dirigèrent sur d'autres points qui firent
une héroïque résistance, et la nuit était déjà bien avancée
quand le dernier vestige de résistance eut disparu.
    Flavio, au milieu du désordre général, avait pu pro-
 curer quelques aliments aux religieuses et les consoler
 dans leur malheur. Elles furent touchées des soins déli-
 cats du jeune homme ; mais elles s'étonnaient que le
 féroce baron des Adrets eût un page si doux et si hu-
 main ; au milieu de leurs angoisses elles bénissaient le
 Seigneur.
    Vers le soir, il put leur donner un peu de paille et des
 couvertures et les fit installer de son mieux par son
 écuyer Bras-de-Fer. C'était un homme dévoué à toute
 épreuve, doux, honnête, mais doué, d'une force si
 extraordinaire que le baron des Adrets, dans ses rares
 jours de bonne humeur, lui faisait faire devant ses offi-
 ciers toute espèce de tours. Voilà l'homme à qui il avait
 confié son page chéri, et qui veillait sur lui comme un
 chien fidèle veille sur son troupeau.