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              LE PAGE DU BARON DES ADRETS.              383

    Les religieuses, harassées de fatigue, brisées par les
nombreuses émotions de plusieurs jours cherchèrent à
goûter un peu de sommeil. Le page veillait sur elles en
attendant le baron des Adrets avec impatience. La nuit
était avancée et il n'avait pas encore vu son maître ; de
vagues pressentiments l'agitaient ; pour tromper son
impatience, il se mit à transcrire de sa belle écriture de
nombreux mémoires que lui avait confiés le baron des
Adrets. Il travaillait avec ardeur; Bras-de-Fer visitait
scrupuleusement toutes les portes de l'église, assujé-
tissait les verroux, tournait les clefs dans les serrures,
ne négligeait rien des précautions les plus minutieuses,
car il connaissait les soldats huguenots et quelques chefst
et il était certain qu'un grand nombre n'avait pas été
satisfait que le baron des Adrets sauvât les religieuses.
Puis n'ayant rien vu qui pût l'inquiéter, il prépara le sou-
per de Flavio et le sien. Bras-de-Fer était presque à
jeun, aussi fit-il amplement honneur au souper et au
flacon de vin dont il avait eu soin de se munir. Après
 son repas il étendit un riche tapis qu'il avait eu en par-
tage, mit sa hache et sa lourde épée à portée de sa main,
 s'endormit aux pieds du page et ronfla à démolir les
voûtes deSaint-Jean. Flavio ne travaillait plus, il pensait à
 son étrange position. Quoique aimant le baron des Adrets
 pour ses grandes qualités, quoique lui étant attaché sin-
 cèrement, il désirait revoir sa famille qu'il avait quittée
 depuis deux ans, et dont il n'avait pas reçu de nouvelles
 depuis cette époque ; par ces temps de troubles les com-
 munications étaient difficiles. Ce qui surtout l'attris-
 tait, c'était de se trouver dans un camp opposé au sien,
au milieu de féroces soldats si dissolus ; et quoiqu.il eût
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