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                 POÉSIE.                 245

     LA PREMIÈRE COURONNE

               A MA FILLE.

Viens ma fille, que je t'embrasse,
Avec bonheur, comme toujours ;
Viens, et que, sur ton front, je place
La couronne des heureux jours.

Vois ! — c'est un présent de l'aïeule,
C'est le sourire des vieux ans,
Il rend moins lourds les pas pesants,
Fait la solitude moins seule.

A ton âge on ne comprend "pas
Qu'il faut sans cesse aimer les mères.
Il est bien des graines amères
Pour le nid que tu vois là-bas.

Avant que la pauvre couvée,
Dans les champs ait pris son essor,
L'orage aura grondé bien fort
Et brisé la gerbe rêvée.

Et voilà pourquoi, mon enfant,
Je voudrais ne voir sur ta tête
Que cette' couronne de fête....
Est-il vrai que Dieu le défend ?..

Est-il moins de fleurs que d'épines,
Faut-il donc plier les genoux,
A cause des larmes divines
Que Jésus répandit pour nous?

Quand j'étais petit, que ma mère,
Assise auprès de mon berceau,