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L'ARCHÉOLOGIE ET LA PRESSE LITTÉRAIRE. 209
l'ombre des catacombes. Aussi les frouve-t-on fré-
quemment gravés, avec le monogramme du Christ, sur
les tombeaux des premiers chrétiens.
Voilà ce que nous apprend le livre le plus élémen-
taire d'archéologie, et ce qu'il est à peine besoin de
rappeler aux lecteurs de la Revue. Or, il est arrivé que
Mgr de la Bouillerie, évêque de Carcassonne, s'empa-
rant à bon droit de cette image, s'avise de dire dans son
livre sur le symbolisme que « le poisson était l'emblème
« de Jésus-Christ et du chrétien. »
Le Figaro trouve la phrase peu orthodoxe. Il crie au
scandale et voici les railleries spirituelles qu'il offre Ã
ses lecteurs dans son numéro du 11 avril dernier:
« Peste ! mais si j'avais seulement dit, moi infime,
« que Jésus est heureux dans le ciel comme un poisson
« rouge dans un bocal, à combien de dangers et de
« colères ne me serais-je pas exposé ? Il est vrai que je
« ne suis pas évêque de Carcassonne et que je suis forcé
« de respecter la religion.
« Voilà la science que M. Giraud et ses pères de
« famille voudraient voir répandre dans les masses.
« Cela est édifiant et joli. Cela fait venir de bonnes pen-
« sées. Quand nos descendants seront imbus de cette
« littérature pieuse, ce seront, à vrai dire, des crétins,
« mais des crétins édifiants. Ils pourront modifier ainsi
« la célèbre définition de l'écrevisse tranchée par l'Àca-
« demie :
a Ecrevisse — petit emblème de Jésus, tout rouge
« et qui marche à reculons. »
Je m'abstiens de tout commentaire. A quoi bon? Quand
on est capable d'écrire de pareilles inepties, on est assez
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