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lége, de ces taquins, en droit de lui dire d'énormes vérités !
et leur tutoiement formidable ! et les propos amers de ceux
qui repoussent les avances du grimpion ! et l'impertinence
de ceux qui en usent sans façon à son égard, et lui font
payer en humiliations l'honneur de se laisser approcher par
lui ! et les dédains ailiers qui abreuvent de fiai madame
 Grimpion et ses filles !
                                                    J. PETIT-SENN.


                    CHRONIQUE LOCALE
   Jamais la presse française n'avait donné pareil exemple d'unanimité et
d'accord.
   De Paris ou de la province, gouvernementales ou de l'opposition, toutes
les feuilles s'écrient, en un choeur immense : Ah ! qu'il fait chaud !
   Ceux qui aiment cette noie sont satisfaits.
   Puis on passe aux chiffres. Les uns trichent en dessous et accusent
Irente degrés à l'ombre, cinquante au soleil. D'autres trichent en dessus et
nous donnent cinquante degrés à l'ombre et soixante-et-dix au soleil!
 C'était imprimé, nous l'avons lu. A ses autres titres, l'année 1868 ajou-
tera celui de nous avoir grillés horriblement.
   N'importe ! la température d'eau bouillante qu'on avait au Théâtre
Impérial n'a point empêche la foule de s'entasser compacte et serrée aux
einq représentations de la Comédie Française; du parterre au paradis,
on ne savait où trouver place ; la société élégante avait répondu à l'appel
et les murs de la salle ont même vu avec ctonnemont des visages qui
n'avaient pas paru depuis ïalma.
   Aux entr'actes, le foyer présentait un aspect inaccoutumé; vieux clas
siques, jeunes journalistes, peintres, poètes, il en reste encore à Lyon,
prosateurs de tonte école, amis de Molière ou de Sardou, étonnés de se
rencontrer, se saluaient comme à Fontenoy ; au milieu des illustralions
provinciales, brillaient deux ou trois étoiles parisiennes, Tony Rcvillon,
Dupmly, Sareey dont les noms circulaient avec sympathie. Un souffle
littéraire semblait couvrir la ville ; pour un rien, les hommes les plus gra-
ves se seraient déclares auteurs d'un quatrain ou d'un sonnet. Inutile
d'ajouter que les sociétaires de la Comédie Française ont été applaudis
avec une verve toute méridionale et que les ombres de Bacine et de
Molière ont dû être satisfaites.
    Le 28, une autre fête liitéiaire conviait la foule qui est accourue comme
s'il s'agissait encore de Molière et de Racine : il était question d'entendre
M. Paul Sauzct développant à l'Académie, en séance publique, quels sont
les traits distinctifs du caractère lyonnais, à propos du prix Ampère, qui
allait être décerné pour la première fois. Les auditeurs ont été pendant
deux heures suspendus à cette parole qui jadis fit si souvent tiessaillir
les voûtes de nos assemblées législatives et qui aujourd'hui, comme celle
de Gerson, se borne à instruire cl à charmer de plus modestes réunions.
Après le rapport de M. Faivrc sur les titres des candidats, M. Th. Perrin,
président, a proclamé le nom de M. Collet qui pendant trois ans recevra
la somme de 1800 francs.