page suivante »
•158 CHRONIQUE LOCALE. lége, de ces taquins, en droit de lui dire d'énormes vérités ! et leur tutoiement formidable ! et les propos amers de ceux qui repoussent les avances du grimpion ! et l'impertinence de ceux qui en usent sans façon à son égard, et lui font payer en humiliations l'honneur de se laisser approcher par lui ! et les dédains ailiers qui abreuvent de fiai madame Grimpion et ses filles ! J. PETIT-SENN. CHRONIQUE LOCALE Jamais la presse française n'avait donné pareil exemple d'unanimité et d'accord. De Paris ou de la province, gouvernementales ou de l'opposition, toutes les feuilles s'écrient, en un choeur immense : Ah ! qu'il fait chaud ! Ceux qui aiment cette noie sont satisfaits. Puis on passe aux chiffres. Les uns trichent en dessous et accusent Irente degrés à l'ombre, cinquante au soleil. D'autres trichent en dessus et nous donnent cinquante degrés à l'ombre et soixante-et-dix au soleil! C'était imprimé, nous l'avons lu. A ses autres titres, l'année 1868 ajou- tera celui de nous avoir grillés horriblement. N'importe ! la température d'eau bouillante qu'on avait au Théâtre Impérial n'a point empêche la foule de s'entasser compacte et serrée aux einq représentations de la Comédie Française; du parterre au paradis, on ne savait où trouver place ; la société élégante avait répondu à l'appel et les murs de la salle ont même vu avec ctonnemont des visages qui n'avaient pas paru depuis ïalma. Aux entr'actes, le foyer présentait un aspect inaccoutumé; vieux clas siques, jeunes journalistes, peintres, poètes, il en reste encore à Lyon, prosateurs de tonte école, amis de Molière ou de Sardou, étonnés de se rencontrer, se saluaient comme à Fontenoy ; au milieu des illustralions provinciales, brillaient deux ou trois étoiles parisiennes, Tony Rcvillon, Dupmly, Sareey dont les noms circulaient avec sympathie. Un souffle littéraire semblait couvrir la ville ; pour un rien, les hommes les plus gra- ves se seraient déclares auteurs d'un quatrain ou d'un sonnet. Inutile d'ajouter que les sociétaires de la Comédie Française ont été applaudis avec une verve toute méridionale et que les ombres de Bacine et de Molière ont dû être satisfaites. Le 28, une autre fête liitéiaire conviait la foule qui est accourue comme s'il s'agissait encore de Molière et de Racine : il était question d'entendre M. Paul Sauzct développant à l'Académie, en séance publique, quels sont les traits distinctifs du caractère lyonnais, à propos du prix Ampère, qui allait être décerné pour la première fois. Les auditeurs ont été pendant deux heures suspendus à cette parole qui jadis fit si souvent tiessaillir les voûtes de nos assemblées législatives et qui aujourd'hui, comme celle de Gerson, se borne à instruire cl à charmer de plus modestes réunions. Après le rapport de M. Faivrc sur les titres des candidats, M. Th. Perrin, président, a proclamé le nom de M. Collet qui pendant trois ans recevra la somme de 1800 francs.