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L'ORIENT D'EUROPE AU FUSAIN. 437 été établi récemment par les Turcs, qui dans leur indo- lence et leur horreur des reproductions artistiques, font à tout moment, et sans s'en douter, des monuments cel- tiques à l'instar des tumulus de l'époque la plus reculée. * Enfin, après avoir franchi quelques rochers tourmentés et bizarres, nous arrivons au point culminant. Quelle admirable carte de l'Attique•! D'abord Athènes, au sud ; on distingue l'Acropole ; le Lycabette paraît à peine, ce n'est plus une montagne, c'est un tertre, ou plutôt ce fragment de pierre que Minerve portait dans ses bras pour l'ajouter à l'Acropole et qu'elle laissa choir ma- ladroitement en apprenant qu'on avait découvert le mys- tère de son fils in partibus, Erecthée; quel Dieu n'a eu ses distractions ? Dans la mer, à droite, Salamine, à gauche, Egine. Puis en tournant à l'est, le Mont Hymète, précédant une série de montagnes sauvages qui se suc- cèdent jusqu'au cap Sanium. Après, vient un grand mor- ceau de mer parsemé d'îlots noirs et surmontés à l'ho- rizon de silhouettes grises qui sont les Cyclades. Derrière nous, le canal d'Egripos nous sépare de l'Eubée. Entre le canal et le Pentelique, au pied des montagnes, nous apercevons une toute petite plaine, bien cultivée ; la mer la borde d'un golfe bleu et tranquille; la plage de sable harmonieusement dessinée lui fait une frange d'argent. Nous saluons, car c'est la fameuse plaine de Marathon. Bien au delà , du même côté, la vue s'étend de sommets en sommets jusqu'au Mont Œta,couvert de neiges. Enfin, en tournant vers l'ouest, on devine dans la brume,Platée, Eleusis et les montagnes de Corinthe. Pendant que nous admirons et que nous nous recueil- lons, le bon père qui s'était écarté, pousse un cri et ap- pelle les soldats ; ceux-ci se précipitent en courant, l'épée nue. Nous voilà tout émus : serait-ce les brigands ?