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132 L'ORIENT D'EUROPE AU FUSAIN. dire", des revers à la médaille. Le public était peu nom- breux , tandis qu'hier nous avons failli n'avoir pas de place à Orphée aux enfers. Les costumes étaient romains et quelques jeunes interprètes des chœurs, accoutrés de vêtements criards, s'étaient fourré sous le nez d'énormes moustaches postiches, dignes de vieux palicares._ Pendant les entr'actes, une musique d'amateurs exécu- tait sur d'assez bons instruments autrichiens des fan- taisies italiennes. Il paraît que les musiques d'harmonie ont du succès ici. Celle-là , quoique peu nombreuse, était très-convenable. Malheureusement, tout cet ensemble manquait de cachet antique ; ce mélange de scènes homé- riques et de polka-mazourkes nous rappelait trop souvent que le public portait des chapeaux de Bordeaux et des ha- bits de Paris en guise de chlamydes. Le soir nous errons par la nuit sur les bords de l'Ilis- sus, en face l'ancien stade qui servait aux courses. C'est encore Hérode Atticus qui avait agrandi et orné ce vaste hippodrome construit entre deux collines. Le tombeau du donataire avait été élevé sur une de ces éminences. Du reste, il fait très-noir et nous ne pouvons admirer que de confiance. La population endimanchée est répandue dans la cam- pagne. L'air chargé des parfums du printemps retentit de chansons et de rires. Les collines couvertes d'habita- tions éclairées à l'intérieur semblent des papiers de dio- ramas lumineux et perforés. Après avoir pris du café dans une sorte de cabaret perdu parmi les bosquets , nous revenons chez nous à travers la ville encore fort animée malgré l'heure avancée.