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                        CINQ-MARS ET DE THOU.                           113

d'abord, jetant son manteau d'une façon allègre, cou-
rut, les bras étendus, vers l'exécuteur qu'il embrassa et
baisa,en disant : — « Ah! mon frère, mon cher amy que
« je t'ayme; il faut que je t'embrasse, puisque tu me
 « dois aujourd'huy causer un bonheur éternel : tu me
« dois mettre dans le Paradis. » —Puis, se tournant sur
le devant de l'échafaud, il se découvrit, salua le monde
et jeta son chapeau derrière luy, qui tomba sur les
pieds de M. de Cinq-Mars. De là, se retournant vers son
confesseur, (il) dit,d'une grande ardeur : —«Mon Père,
« Spectaculum facti sumus mundo, et angelis et homi-
« nibus. » — Et ensuite : — « Vias tuas, Domine, dé-
fi monstra et semitas tuas edoce me. » (Suit la traduc-
tion, qu'il est inujile de reproduire ici.)
   « Le Père (Mambrun) luy ayant dit quelques paroles
de dévotion, qu'il escoutoit fort attentivement, il luy dit
qu'il avoit encore quelque chose touchant sa conscience,
se mit à genoux, luy déclara ce que c'esloit et reçeut la
dernière absolution, s'inclinant fort bas. Laquelle ayant
reçeue, il osta son pourpoint, puis se mit à genoux et
commença le psiilme 4 1 5 , qu'il récita par cœur et
paraphrasa en françois, presque tout du long, d'une
voix assez haute et d'une action vigoureuse, avec une
ferveur indicible, qui paraissoit sur son visage, mesiée
d'une sainte joie, incroyable à ceux qui ne l'auroient
pas veu.... (d)

   (1) La paraphrase dont il s'agit est citée tout entière dans notre manus-
crit; mais nous passerons sous silence ce morceau, qui est beaucoup trop
long et n'offre d'ailleurs aucune espèce d'intérêt historique. Il ne peut
servir qu'à prouver une chose, savoir: qu'outre l'ardeur convaincue de ses
sentiments chrétiens et sa profonde connaissance des textes saints, de
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