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00 DES RELATIONS PASSAGÈRES. surface, toujours riantes, on revient abreuvé de charmantes déceptions, car on n'a eu avec les hommes que des contacts fugitifs d'où l'intérêt a sans cesse été banni ; on n'a point mis en jeu leurs passions, on n'a éveillé que leur désir de briller et de plaire ; est-ce bien la le moyen de les connaître et de les juger? N'est-ce pas dans les relations passagères que le prestige décevant attaché a un physique avantageux garde son em- pire ? Nous n'avons pas alors le loisir de revenir d'une pre- mière impression si favorable au sol embelli par la nature ; nous croyons à son esprit sur la parole de sa figure, et nous le quittons sans être désabusé de la fausse opinion que son seul aspect nous a fait prendre de ses facultés morales; un jour de plus a le voir, et peut-être il n'eût été qu'une bête dans notre souvenir, tandis qu'il y repose éblouissant de sa beauté, autour de laquelle notre imagination prévenue fait briller une auréole de grâces et de gentillesses. Qui de nous n'a dans sa mémoire une de ces apparitions que j'appellerai célestes, que nos yeux n'ont qu'entrevues, dont notre oreille à peine a retenu la voix, qui n'ont fait que passer devant nous, et dont nous conservons une idée d'au- tant plus agréable que l'espace de temps où nous les avons admirées a été court? Eh bien 1 c'est que nous n'avons point pu analyser cette beauté dont l'ensemble nous a frappé, c'est que notre imagination, travaillant sur un instant de séduction rapide, a couvert de charmes purs celle que nos yeux auraient peut-être désenchantée en l'observant trop et de trop près ; c'est que nous ne l'avons vue que dans une seule pose flatteuse, qu'avec un vêtement qui relevait ses appas, que dans un salon, a l'indulgente clarté des bougies, que dans un site romantique, qu'entourée enfin de mille prismes fallacieux que l'avenir aurait brisés si nous l'avions passé près d'elle. Ah ! demandez à tant de femmes si elles