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                        ORIGINES DE LUGDUNUM.                            II

ad petram qui AUemia dicitur, a dextra seu lœva integritate
tibi cedo. »
   Quel véridique tableau du ive siècle ! Rien n'y est cherché
pour arriver à produire une couleur locale factice ; tout, jus-
qu'aux erreurs, y porte le cachet de la contemporanéité. Les
acteurs de ce monde qui se meut à la porte de la patrie de
Claude sont Romains ou, du moins, affublés de noms romains :
Domitianus, Modestus, Latinus, etc.; mais les désignations topo-
graphiques sont gauloises pour la plupart : Axantia (1), Be~
bronna (2), Calonna (3), Torciacus (4), AUemia (5), Alba-
rona (6). Il fallait s'y attendre : l'idiome de nos glorieux ancê-
tres est encore aux environs l'idiome vulgaire « Axantia vulgo
dicitur. » Cependant, sous la pression irrésistible de la politique
romaine et de la religion nouvelle, les substitutions du topique
latin au celtique vont s'effectuant de jour en jour. La légende
nous fait assister à l'une de ces métamorphoses : la villa Calon-
nie et la fontaine sainte, son éponyme, prennent l'une et l'autre
le nom de leur noble possesseur Latinus ; il n'en coûte à ce pro-
priétaire, ou plutôt récent concessionnaire, que l'adjonction du
suffixe acus dominant dans le pays : Latiniacus.
   Ainsi disparaît, pour ne jamais revenir à ses destinées parcou-
rues, l'élément ethnique des Celtes orientaux. Mais, à peine l'élé-
ment italique l'a-t-il recouvert qu'un troisième, élaboré dans la
féconde officine du genre humain, l'élément barbare, vient jeter
sur l'usurpation des Latins, une fois consommée, son alluvion
indestructible : c'est ce que vont faire passer sous nos yeux les


  (1) V. paragraphe ci-dessus, au mot Axantia.
   (2) V. id., au mot Brevenne.
   (3) « Du bois Source-Sacrée. »
   (4) « Porcherie » de gaël. et cymr., tore, tuirc, tourch, 'porc et acus.
   (5) « Pierre du repos. » C'était une roche élevée à l'endroit où quel-
qu'un avait été trouvé mort. Identique au tamh-leac des Gaëls, ce terme
s'est construit de gaël. al, qui, dans Bède, a le sens de roche, pierre, et
tamh, genit. taimh, repos, fixité. Altaimh-ïs..
   (G) V. paragraphe ci-dessus, au mot Calarona et note.