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0 POÉSIE
En vain il put causer des maux,
Aux droits les plus saints faire injure,
Il fut de ses humbles vassaux
Adoré du moins en gravure.
Comment ne pas chérir celui
Dont le visage nous défraie,
Dont les traits couvrent la monnaie
Que chacun de nous a sur lui ?
Comme avec amour l'on approche
Des tyrans les plus absolus !
Lorsqu'on les voit sur des écus,
C'est en vain que leur pouvoir cloche.
En vain ils sèment des abus,
Si de nos cœurs ils sont exclus,
Nul ne les exclut de sa poche.
Un roi. mort n'est que trop souvent
Plongé dans une nuit épaisse,
Son nom se perd, sa gloire baisse,
Le peuple tourne au moindre vent ;
Mais il est fidèle à l'espèce
Frappée au coin du défunt roi,
Et chacun soigne dans sa caisse
Les portraits blancs de son altesse
Qui sont toujours de bon aloi.
Quel comique et singulier rôle
Joue ici-bas la royauté,
Lorsque le balancier l'enrôle
Sur un métal partout fêté !
Allant de l'une à l'autre idole,
Des tyrans à la liberté,
Elle soudoie une bassesse,
Le mérite ou la nullité,
Des courtisans de toute espèce,
Des sots de toute qualité;