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80 HISTOIRE bataille où vous avez montré tant d'héroïsme et de grandeur; mon cœur qui a connu la peine amère s'est de nouveau brisé au souvenir de votre magnanime vertu, et, ramenant mes re- gards sur les coutumes prudentes de notre âge, j'ai gémi pour mon pays en pensant que l'exemple d'une époque barbare ne serait jamais plus suivi. Avec Boczezel, avec Entremonts, se trouvaient prisonniers les plus grands seigneurs, les plus vaillants capitaines de l'ar- mée. La victoire des Dauphinois était complète, la défaite des Savoisiens profonde et désespérée (1). A la nuit, on eût pu voir, sous la garde d'une escorte formidable, s'éloigner dans la direction du Rhône et du Dauphiné, Robert de Bourgogne et trois de ses plus vaillants écuyers; le comte d'Auxerre et plu- sieurs puissants seigneurs de ses domaines; Guichard de Beau- jeu avec Hugues de Marzô et Girard de Chinlré, ses hommes, captifs et prisonniers comme lui; Humbert de Beaujeu, cha- noine de l'église de Lyon, si cruellement blessé dans la ba- taille qu'il mourut à Embrun quelques jours après ; (2) en- fin, l'élite des chevaliers de la Savoie, et parmi eux l'impé- tueux Galois de la Baume, I : sage Amé de Chalant, Guy de Gorrevod, Luyrieux, Geoffroy-le-Chevelu, Hugues du Cha- telard, André de la Forêt, Guillaume de Montfalcon, Louis de la Palu, Guichard de Trevernoy ; les autres dor- maient de leur dernier sommeil dans la plaine ou erraient consternés et fugitifs dans les saulées de la rivière d'Ain , s'égarant dans les marais, cherchant en vain un gué pour ga- gner la Bresse et souffrant toutes les angoisses de la honte et du découragement, de la fatigue et de la faim, pendant que (1) C'est au hameau de Cheminent, aux Arpilles et à la Planche- Bouvet qu'on a trouvé le plus grand nombre d'ossements et d'ar- mures. (2) 12 septembre de la même année.