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2C2                  CONCOUKS DE POÉSIE.

pris pour lui-môme le conseil qu'il donne si justement de
tempérer la force; il y a, notamment dans ses reproches
contre la Suisse, une furie amère de langage que nous avons
dû prudemment étouffer sous notre silence. Nous devons
dire aussi qu'entre les despotismes qu'il combat, et nos
inclinations ne s'éloigneraient pas des siennes sous ce rap-
port, il y en a un pourtant qui méritera toujours en poésie
de survivre à la chute des autres : c'est le despotisme sen-
sible et irritable de l'oreille. Il arrive trop souvent au poète
de le braver, et non impunément; on se heurte dans ses
vers à une certaine âpreté syllabique qui fait trop disparaître
de la langue du chant l'élément musical. Et si l'on lait
attention au plan tout entier de l'ode, quoique certainement
il ne manque pas de dessein habile et d'art, on s'aperçoit
qu'il se rapporte plus a un cours de politique, ou, nous
voulons dire a un choix d'arguments tels que peut les donner
la polémique des journaux qu'à une régulière exploitation
 des richesses poétiques du sujet.
     Veut-on, a cet égard, de la poésie pure, de l'inspiration
nette et franche, de l'élan lyrique, comme le sujet sondé et
 senti par une âme de poète peut en fournir? quelques
 filons d'or vont être à extraire d'une quatrième composition
 dont il nous reste h parler.
     L'auteur du manuscrit n° 16, ayant pour devise Fox
populi, vox Del, ne s'est pas mis en frais de longue et ver-
 beuse poésie. Dix-neuf strophes, et voilà tout. Le poète est
 un esprit ardent ; il ne monte pas sa lyre pour sonner des
 préludes ; il s'abandonne à deux, trois sentiments, les vers
 suivent d'un mouvement précipité, ils coulent de source, et
 l'ode n'a pas d'autre artifice de composition. Il y a appa-
 rence, si nous en jugeons par quelques expressions violentes
 et âcrement passionnées, que nous ne sympathiserions pas
 précisément avec ce nouveau concurrent dans toute l'étendue