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                     DE M. SERVAN DE SUGNY.                        479
         Et je ménage en toi le poète inspiré
         Qui sera d'âge en âge et partout admiré,
         L'émule, heureux souvent, de Virgile et d'Hoiace.
         Conserve donc la vie, Ovide ; mais ta place
         N'est plus dans cette cour, ni même à Rome... Pars,
        .Et, nous laissant entiers aux jeux sérieux do Mars,
         Emporte tes amours chez les Scythes sauvages.
         Là, sous un ciel glacé, parmi d'affreux orages,
        Relrempe ton génie à la mollesse enclin
         Et sois un autre Orphée aux rives de l'Euxin.
         Admirant ton talent, haïssant ta personne,
         Je te relègue, Ovide..., et ma main te couronne ! — P. 242-4.

     L'année 1852, qui devait faire succe'der, dans les esprits,
 le calme a l'agitation et à l'inquiétude, inaugurait pour les
 études spéculatives une ère de calme et de recueillement
 que l'activité intellectuelle saisit avec bonheur, pour enri-
 chir de nouvelles importations le trésor de l'esprit national.
    C'est aussi à partir de cette époque féconde à plus d'un
 titre, que M. Servan de Sugny arrivait a cette heure de la
 vie où l'inspiration poétique doit faire place a l'exercice
 d'autres aptitudes, qui se perfectionnent indéfiniment par
l'expérience et par le travail, lors même que l'imagination
 s'est éteinte avec les derniers feux de la jeunesse. La tra-
 duction en vers des poètes étrangers ouvre alors une nou-
velle carrière au talent, qui peu! cueillir encore de nouvelles *
palmes dans des régions moins explorées que les chefs-
d'œuvre de la Grèce et de Rome. M. Servan de Sugny songea
donc 'a faire passer, sous une forme poétique accessible a
la masse des lecteurs, les richesses littéraires mises a la
disposition de la science, par les conquêtes de l'Europe
dans cet Orient que le monde occidental aspire aujourd'hui
à pénétrer plus intimement de son esprit et a entraîner dans
l'orbite de ses destinées humanitaires. Mais, en échange des
idées nouvelles que le vieux monde est à la veille de recevoir,