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A LYON. 55 peut dire hardiment qu'ill'a épuré, ennobli en quelque sorte ; il a eu le soin de le dépouiller de certaines exagérations de formes, de certaines trivialités de partis pris ; il l'a reproduit en un mot, avec tout son charme particulier, sans rien lui laisser de cette allure vagabonde, de ce style incorrect qu'il conserve encore souvent dans la plupart de nos vieux édifices. Et cependant, en présence d'une œuvre semblable, on a prononcé le mot de copie ! Par honneur pour l'artiste et dans l'intérêt de la vérité, nous tenons essentiellement a relever cette injuste qualification et a démontrer tout ce qu'elle a d'inexact en pareille circonstance. Non, ce n'est point la une copie assurément, et il y a autre chose qu'un pastiche dans une telle interprétation de style; il y a vraiment inspiration. L'inspiration en effet, c'est cette faculté naturelle que Dieu a mise en nous, mais plus libéralement départie aux uns qu'aux autres, d'exprimer, dans le langage artis- tique ou littéraire , une idée neuve, une pensée saisis- sante qu'elle tire de son propre fond ; l'inspiration peut se manifester tout aussi bien dans l'adoption d'un style connu d'où elle sait faire dériver une foule de conceptions originales que dans la création d'un type nouveau. Cependant c'est dans ce dernier cas surtout, qu'elle nous paraît vraiment supérieure, complète et puissante, et plus particulièrement le lot de quelques artistes privilégiés. Le copiste par nature, qu'on le sache bien, n'a que peu ou point d'idées à lui; il crée mal ou ne sait rien créer : c'est un champ aride où ne croissent qu'avec peine quelques plan- tes rabougries et dégénérées ; c'est une source tarie qu'il faut continuellement alimenter pour qu'elle paraisse couler toujours : c'est en définitive, un miroir qui ne peut que re- produire l'image des objets qui vont s'y refléter.