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424                   LE PÈRE DUCHESNE.

« l'effet de l'épouvante à ces femmes encrassées de l'orgueil et
•< du crime qu'elles ont partagé de tout temps avec leurs maris ;
(. en sorte que les toupies vanoient comme des troupeaux de
« lapins à l'aspect du sans-culotte en écharpe, qui vous a em-
« poigne deux de mes bougresses et les a de suite (de suite) !
« envoyées étrenner la guillotine, en leur faisant faire une
« faction de deux ou trois heures. Je ris encore de la foutue
« figure qu'elles faisoient sur cet échafaud, et je voyois avec
ii plaisir qu'elles amusoient beaucoup nos braves volontaires
 « que les garces auroient voulu voir égorger, tant elles avoient
« la rage dans les yeux. »
   A l'époque où ces pages furent écrites, on citait, on maudis-
sait les crîrnes des Néron, des Caligula, de tous les tyrans,
moins cruels à coup sûr que tous ces partisans de la fraternité.
On parlait de sensibilité, c'était le mot à la mode ; on chantait :
Il pleut, il pleut, beryère ; on dansait aux Brotteaux. Cette
époque était-elle prise de folie ? L'humanité nourrit-elle dans
tous les âges des monstres comme l'écrivain que nous venons
de cittir, et ne leur manque-t-il qu'une occasion pour devenir
des fléaux?C'est à nous, hommes du présent, à y réfléchir.
Espérons que ce passé est anéanti sans retour, mais, s'il devait
jamais renaître, ayons confiance ; nous savons que ces éclipses
de la raison humaine ne sont pas de longue durée, et que,
malgré les fureurs des Pères Duchesne de tous les temps, les
éternels principes de la justice et de la morale ont bientôt repris
le dessus chez le peuple comme dans les conseils de la nation.

                                       Aimé VINGTRINIER.