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MOUT DE JEANNE D'ARC. 175 Winchester et Beauvais, les assesseurs sacrés Du sinistre échaffaud descendent les degrés. 0 détresse inouie ! hélas! la condamnée Se voit, près du bûcher, de tous abandonnée. ' Elle a recours au Christ et demande une croix. Un Anglais, à l'instant, de deux morceaux de bois En fit une et l'offrit à la pauvre martyre, Qui le remerciant, par un triste sourire, Avec un saint respect la prit et la baisa, La pressa sur son cœur et de pleurs l'arrosa. Puis, tirant un soupir du fond de sa poitrine. Et dirigeant ses yeux vers l'église voisine Que l'on nomme du nom d'église Saint-Sauveur : Ne me refusez pas, dit-elle, la faveur D'aller chercher un Christ, que pour dernier office, Vous tiendrez élevé durant tout le supplice. Je le veux regarder jusqu'au pas de la mort (1) ; A souffrir mes douleurs mon cœur sera plus fort. J'obéis, j'apportai cette croix désirée. Elle embrasse longtemps l'image vénérée ; Et voyant de Jésus le front ensanglanté, Les lèvres de sa plaie ouverte à son côté, Son regard résigné, sa paupière meurtrie, Les indignes soufflets dont sajoue est flétrie, Cette éponge, abreuvant de vinaigre et de fiel Sa bouche d'où sortaient les paroles du ciel, Le roseau dérisoire et le sanglant outrage Des infâmes crachats qui couvrent son visage, Et ses pieds et ses mains transpercés par les clous, Et son corps flagellé, tout déchiré de coups, Les douleurs de la croix et la lente agonie D'un Dieu mourant pour nous avec ignominie, Elle dit en pleurant: 0 doux crucifié, Mon cœur à vos bontés s'est toujours confié. 0 mon Dieu, puisqu'ainsi vous voulez que je meure, (1) Expression de Jeanne d'Arc.