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                     DE M. SERVAIS DE SUGNY.                           471

           Des plus précieux droits t'a fait la riche aumône ;
           Au forçat éclipsé succède un citoyen,
           Et l'honneur t'est rendu.'... L'honneur, c'est un grand bien,
           Ami ; c'est le premier des biens de cette terre :
           Celui qui l'a perdu doit rougir et se taire,
           Ou plutôt, comme toi, s'armant de repentir,
           Il doit de l'infamie au plus vite sortir,
           Répudier le crime et, lavant sa souillure,
           Reconquérir son rang de roi de la nature. — (Pag. 9.)

    L'instruction de cette proce'dure en réhabilitation fut l'un
 des derniers actes de l'administration de M. Servan de Sugny.
 La direction du parquet de Nantua lui fut retirée, par une
 ordonnance du 9 novembre 1845, qui le nommait juge à
 Montbrison, place qu'il crut ne pas devoir accepter, malgré
 les instances du ministre, parce que c'était déchoir, après
 vingt années de magistrature. Pour arracher cette triste
 exécution au garde des sceaux, il avait fallu lui représenter
 que le Réveil de l'Ain, transformation démocratique du
Patriote, pourrait devenir très-dommageable a la cause
 gouvernementale, si notre confrère continuait de présider a
la direction des poursuites contre ce journal. Ce moyen était
de ceux qui ne manquent jamais leur effet. M. Servan de
Sugny avait le tort de répugner à des poursuites, qui abou-
tissaient toujours à des acquittements devant le jury. La
destitution de M. Servan fut donc, on peut le dire, surprise
par obsession et exagération, a un ministre dont les facultés
baissaient, sous le coup d'une affection mortelle, a un roi
usé.par l'âge et les luttes d'un premier établissement, et
qui avait perdu de vue son hôte du Palais-Royal. Ainsi donc
la faiblesse du ministre et du prince laissèrent écrire cette
page honteuse dans les annales judiciaires de Lyon, et qui
n'a pas été effacée du vivant de la victime. Car si, à la suite
des événements de février, il ne tint qu'a M. Servan de ren-
trer dans la vie active, en acceptant l'avancement qui lui était