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MACAULAY. 497
succès littéraire que trente ans n'ont pas affaibli. Ses Essais, sur
lesquels des écrits nouveaux devaient, il est vrai, ramener l'at-
tention, ont été réimprimés plusieurs fois, traduits en plusieurs
langues et sont lus aujourd'hui de toute l'Europe. Il a cependant
compris lui-même ce que le genre avait d'insuffisant et d'incom-
plet. Ni l'abondance et la vivacité des idées, ni l'éloquence en-
traînante du style, ni le flot de saillies heureuses et de rappro-
chements inattendus qui coule et déborde quelquefois sous sa
plume ne pouvaient faire de pareils écrits autre chose que de
splendides ébauches. Entre l'essai et le livre il y aura toujours la
différence de l'esquisse au tableau et de la jeunesse à la maturité.
A mesure qu'il se rapprochait davantage de l'histoire , Macaulay
devait arriver à la pensée de l'écrire tout à fait; il s'y décida, sa-
chant mettre à profit ce qui n'était qu'une admirable préparation
pour faire enfin un admirable ouvrage.
Mais avant de le suivre dans cette voie nouvelle où il devait
arriver au plein épanouissement de son talent, je dois m'arrêter
un instant sur ses idées de critique et sur le programme qu'il s'est
lui-même tracé.
III.
Quand on cherche des modèles pour l'histoire comme pour
l'éloquence ou la poésie, on est toujours ramené aux anciens. Jl
y a pour les historiens dans Thucydide, Tite-Live, Tacite, un
idéal de beauté et de grandeur qui n'a jamais été surpassé,
comme il y en a un pour les orateurs dans Démosthènes et Cicé-
ron,pour les poètes dans Homère et Virgile. Singulier privilège de
la Grèce et de Rome d'avoir produit de pareils génies dont deux
mille ans n'ont pu altérer l'éternelle jeunesse, et qui sont de-
meurés nos maîtres, en dépit de toutes les révolutions arrivées
dans le monde et des heureux progrès de la société. Aujourd'hui
encore, ce serait, pour l'homme qui a conscience de sa force abais-
ser ses regards que de ne pas les tenir élevés à la hauteur de pa-
reils modèles.
Il y a pourtant bien des manières de les comprendre et sur-
tout de les imiter. Quelque invariable que soit le fonds de la
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