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002                         MACAULAY.                           v

sions par l'éloquence, la poésie et le drame, par la peinture
surtout, déroulant devant nous, comme le demandait Cicéron,
une galerie de tableaux et de portraits placés chacun dans leur
vrai jour. Mais il a voulu en même temps que ses personnages
descendissent de leurs cadres pour venir débattre devant nous
les grandes questions qu'ils avaient agitées de leur vivant, ques-
tions de politique, de guerre, de gouvernement, de littérature,
d'art, de morale et même de religion. 11 fallait pour cela qu'il
unit à toutes les qualités de l'artiste les connaissances les plus
variées, celles de l'érudit et de l'antiquaire, du politique et de
l'économiste, du moraliste et du théologien. L'histoire, ainsi
comprise, n'était plus seulement la plus difficile et la plus com-
 plexe des œuvres d'art, comme l'avaient jugé les anciens. Elle
 devenait, comme l'avaient jugé les modernes, la plus difficile
 et la plus complexe des Å“uvres de science. Mais Macaulay avait
loagtemps mesuré ses forces. Il avait passé par tous les genres
 d'étude et de préparation, et il possédait avec ce sentiment des
 chefs-d'œuvre qu'on appelle le goût, cette puissance de con-
ception et de création qu'on appelle le génie.


                                IV.

   Arrivé à juger l'histoire de la Révolution anglaise . j'éprouve
un embarras réel. Il y a des taches dans ce grand ouvrage ;
elles ont d'abord frappé les yeux, même en Angleterre, et je
ne sais si le temps, au lieu de les effacer, ne les fera pas res-
sortir davantage. Macaulay , malgré tout ce qu'il y avait en
lui de sagacité et de haute raison, s'est laissé emporter souvent
par la fougue de ses opinions,- il a jugé beaucoup trop en Anglais,
en whig et en protestant, trois motifs qui ont fortement contribué
à son succès au-delà du détroit, qui ont empêché et empêche-
ront toujours ses écrits d'être bien goûtés en France. Le fond même
de ses opinions est contestable. La révolution de 1688 a eu d'im-
menses conséquences et ouvert pour l'Angleterre l'ère véritable de
la puissance et de la liberté. Ce n'est pas une raison suffisante de
la glorifier sans réserve : on peut admettre parfaitement qu'elle