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                    ÉLOGE DE VICTOR VIBERT.                  445

 de novembre , n'ayant jamais touché un crayon, et au
 mois de juillet suivant, concourir au dessin de l'ensemble
 de la figure [modèle vivant). Ce fait, qui paraît incroyable,
 se renouvelait presque chaque année.
    Ainsi que son ami Orsel, Vibert ne fut l'objet d'aucune
 distinction honorifique. D'une modestie rare, il fuyait pres-
 que les éloges, se contentant du témoignage de sa cons-
 cience. D'un caractère franc et loyal, il rendait justice pleine
 et entière au talent des autres, ne critiquait pas les ou-
vrages d'autrui et n'était sévère que pour les siens. Jamais
Vibert ne se glorifia des inspirations que son ami Bonnefond
puisa dans ses entretiens pour la direction de l'école, et
pourtant nous pouvons affirmer ;que les plus heureuses ré-
formes sont nées de ces communications. Bonnefond ne se
cachait point devant nous des obligations qu'il lui avait dans
ce sens. Aussi la mort de Vibert fut un coup terrible pour
le directeur de l'école et ne contribua pas peu à abréger ses
jours (1).
    On a reproché à Vibert d'avoir employé plus de vingt ans
a la gravure du tableau le Bien et le Mal. Il est vrai qu'il a
fallu de longues années pour terminer cette œuvre, mais,
outre les études et les tâtonnemsnts inévitables lorsqu'on
cherche une route nouvelle et des améliorations qui consti-
tuent tout un nouveau système, il faut penser aux interrup-
tions causées par des maladies et des travaux imposés, tels
que le portrait de Jacquard et plusieurs des planches des
Souvenirs d'Orsel. 11 faut aussi tenir compte des soins à don-
ner aux élèves à qui il voulait inspirer l'amour des grands
maîtres, leur en faire connaître et goûter- les principes ri-
goureux par l'étude du dessin avant celle de la gravure. Il
fallait leur apprendre l'art de les mettre en usage tout en y
joignant un aspect agréable et le plus possible en harœonie
  (1) Bonnefond.mourut trois mois après.