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DE M. SERVAN DE SUGNY. 481 Nos corps formeront de l'argile, Quand viendront des hommes nouveaux, Qui fouleront d'un pied tranquille La poussière de nos tombeaux. •— P. 2 1 . A la fin de ce-t opuscule de poe'sie exotique, M. Servan de Sugny annonçait l'intention de mettre plus tard au jour les traductions en vers des principaux poêles arabes et turcs, et il commençait la réalisation de cette œuvre capitale par la Muse ottomane, volume devenu classique aujourd'hui, dans la littérature orientale, la guerre de Crimée concentrant alors sur la Turquie l'attention et les sollicitudes de l'Europe, sans cesse renaissantes. Cet ouvrage, publié sous les auspices de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, renferme des .pièces du genre lyrique, le seul dans lequel se soit exercé le génie poétique des Ottomans , dans la période classique : notre confrère y a mis à contribution quarante-quatre auteurs principaux, au nombre desquels onze sultans, dont plusieurs bien positifs, hélas ! dans leurs cruautés, témoin Amurat IV, vainqueur de Bagdad, dont il fit exterminer la plupart des habitants. L'islamisme a tou- jours exercé une sanguinaire influence sur le cœur des souverains : c'était peut-être là , comme ailleurs, la faute des institutions plus que celle des hommes. L'élégie, l'ode, l'épigramme même viennent caresser tour à tour agréable- ment la curiosité du lecteur, dans ce choix de pièces d'élite, précédé d'un Précis de la Poésie chez les Turcs, et suivi de Notes et Eclaircissements, où l'érudition est mise a la portée du lecteur avec cette sobriété habile qui fait aimer les leçons du philologue. Il serait inutile de faire ressortir l'importance de cette œuvre, dont la réputation est fixée désormais, qui ouvrit à son auteur les portes de la Société orientale de France, a laquelle nous eûmes l'honneur, M. Guyet et moi, de le signaler, et qui restera comme la première assise du 31