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478 ÉLOGE HISTORIQUE Terrible Némésis ! lu sus trop l'en punir, Car (u semas l'opprobre au sein de sa famille, Et fis de feux impurs brûler sa propre fille, Sa Julie... ô douleur! rfe pourrai-je pas voir Ce que j'ai tant d'envie et de peur de savoir ? Oui, le costume est bon : devenu moins qu'un homme, Nul ne me craindra plus. L'on me croit loin de Rome ; Dans mon char, à ma place, un esclave est monté, Et je puis mendier en toute liberté. Pour moi, grand Jupiter, ta bonté se déploie, Quand vers la vérité tu m'ouvres cette voie. Tels qui, pour l'Empereur, portaient un masque au front, Vont à ce mendiant paraître ce qu'ils sont. — P. 211-2. En effet, protégé par ce travestissement, Auguste sur- prend divers secrets de l'opinion, le mécontentement de Gallus, le complot de Rufus contre ses jours, la passion de Julie pour Ovide, qui paie de l'exil l'honneur d'avoir touché le cœur d'une princesse du sang impérial. C'est de toi, malheureux, que ce désordre part, Poé'te renommé, mais corrupteur des âmes. A.u lieu de réveiller ces généreuses flammes Par qui nos fiers aïeux conquirent l'univers, Que fais-tu ? Sur l'amour tu composes des vers, Non sur ce sentiment qui forme aux grandes choses, Mais sur ce lâche amour qui dort parmi les roses. Enseignant à tromper pères, maris, tuteurs, Ta poésie énerve et dégrade les cœurs. Bientôt, dénaturant nos mœurs mâles et graves, Tu changerais mon peuple en un troupeau d'esclaves ; Nos jeunes citoyens seraient de vils Paris, Et Rome deviendrait une autre Sybaris. Malheur aux nations que le plaisir enivre ! Sans dignité, sans gloire, on les voit se survivre. Et celui-là se change en public assassin, Qui met, par ses écrits, ce poison dans leur sein. C'est là ton crime, Ovide, et rien ne peut t'absoudre ; La mort... Mais le laurier préserve de la foudre,