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* DE M. SEBVAN DE SUGNY. 469 vicié radicalement par des contacts infâmes , ayant intérêt à cacher des turpitudes dont il retire souvent le produit et dont le bas peuple de l'endroit bénéficie même ; que, d'un autre côté, il fallait un nom autorisé pour accréditer les dépositions de ce témoin d'un nouveau genre, il faut recon- naître que M. Servan de Sugny ne pouvait pas hésiter, dans son ardent amour pour l'humanité, à se faire l'interprète du bon larron, qui voulait faire tourner la rigueur de son châti- ment à l'enseignement du législateur. A-t-on jamais songé 'a blâmer Parent-Duchâtelet au sujet de son étude consciencieuse, mais dégoûtante, sur la sentine des moeurs contemporaines? L'administrateur n'a-t-il pas consulté avec fruit ce manuel des infirmités du cœur et des sens, et l'amour du bien public n'a-t-il pas suffi 'a préserver de toute souillure l'observateur qui se plongea dans toutes les vases de l'immondice humaine, pour en sonder la pro- fondeur et en signaler les émanations pestilentes ? 11 fallait aussi que la lumière fût faite sur les horribles enseignements de ce réceptacle de tous les vices, qui aurait fini par gangre- ner toute la population des villes maritimes, compromise par ses relations ou ses intérêts dans la vie des forçats. Il fallait nous montrer ces misérables recherchant l'ensevelis- sement des cholériques, pour dépouiller impunément les morts et outrager indignement des femmes mourantes ; un père mettant à prix la jeunesse et les grâces féminines de son fils, adolescent de dix-huit ans, condamné avec lui pour complicité dans un assassinat ; un vieux forçat honni, parce qu'il avait blâmé des camarades pour avoir volé des marins qui avaient partagé leur ordinaire avec eux, et obligé de s'éloi- gner de ceux qu'il avait scandalisés par cette réflexion de probité vulgaire; des forçats a la veille de quitter le bagne, par suite de grâces motivées sur Y amendement moral qui s'était fait remarquer en eux, complotant le moyen de déva-